Installée dans ma chambre à 4 lits, 2 sont occupés, moi, et en face, une dame âgée aux cheveux blancs, les lunettes sur le nez et plongée dans ses mots croisés. Elle ne lève pas la tête. Mais je sais qu’elle m’observe comme je le fais. L’épidural, quoique de plus en plus pratiquée, n’est pas un geste anodin. Mon angoisse étant perceptible, l’infirmière me donne un léger relaxant. Elle m’installe pour le Baxter. Ma petite dame en face, continue ses mots croisés, elle ne lève toujours pas les yeux.
Une infirmière entre dans la chambre, c’est pour elle. Elle lui apprend à marcher avec un cadre de marche pour lui éviter de tomber. Elle se lève. Elle à mal. Pourtant c’est le sourire aux lèvres qu’elle y va. Elle a du courage. Aidée de la kinésithérapeute , elle écoute ses conseils. « D’abord vous avancez le cadre, bien vous y appuyer, puis vous avancez la jambe opérée, puis la bonne. Allez, on recommence, c’est bien ». Toujours fière et courageuse, elle fait ses premiers pas. C’est difficile, malgré sa douleur, elle ne se plaint pas. Mais l’effort est trop important et il faut qu’elle s’arrête. La tête lui tourne, elle doit retourner à son lit. La kiné l’aide et mon "inconnue", toujours le sourire aux lèvres fait demi tour et revient à son fauteuil. Elle s’y réinstalle, se couvre les genoux de son peignoir et se remet à ses mots croisés. Elle soulève les yeux avec un petit sourire que je lui retourne, mais pas un mot.
Moi, j’attends mon tour, je lis un livre de scrapbooking, qui l’eut cru. Le Baxter coule doucement. Je suis calme.
A 11h00, un infirmier vient chercher mon lit et je commence mon voyage dans les corridors. Il est très gentil, nous faisons un brin de causette. C’est son travail, acheminer les malades là où ils sont attendus et leur tenir un petite conversation. Il s’y prend bien, il est gentil, il a de l’humour, il transmet toutes ses ondes positives, et je l’écoute, je suis toujours calme.
Le médecin m’accueille avec un grand sourire rassurant. Il me met fort en confiance et tout se passe bien. Je suis contente, il est content. Le retour du voyage se fait par les mêmes corridors, je suis un peu groggy, et ce n’est plus le même conducteur. J’ai droit à une conductrice.
Arrivée à ma chambre, ma voisine d’en face est toujours dans ces mots croisés. Pas un mot. Je respecte son silence. Pour moi l’heure arrive tout doucement où le Baxter me sera enlevé et où je pourrai rentrer. Les visites sont terminées. Mon Baxter enlevé, j’attends Michel dans le silence. Et puis, pourquoi à ce moment le silence s’est brisé ? Je lui ai demandé comment elle allait, tout simplement. Et JOSETTE a parlé, et beaucoup parlé. Au fond d’elle, elle enfermait un gros chagrin. Elle est veuve depuis pas très longtemps. Son mari est parti le 3 décembre. Josette est seule et « il faut vivre avec » comme elle dit, les yeux embués. Je la réconforte comme je peux mais je me sens si impuissante. Notre rencontre n’était pas si anodine, nous avions finalement tellement de choses en commun. Son mari a certainement croisé mon beau-père à Cockerill, et moi j’ai travaillé dans les locaux qu’il connaissait si bien car il y a travaillé tellement d’années. Mes beaux-parents allaient à la fête des pré pensionnés. Josette se remémore y aller aussi avec son mari, et puis elle me raconte la remise des médailles du travail, quelle fierté dans ses yeux, qu'elle beau sourire m'offra-t-elle. Son fils, Michel, (tiens tiens, mon mari s’appelle Michel) est enseignant dans le professionnel, comme mon mari. Qui a dit que les rencontres n’arrivaient jamais par hasard ? Nous avons finalement parlé beaucoup et j’'ai aimé voir ses yeux pétiller aux souvenirs des bons moments passés avec son mari. Mais j’ai vu aussi ses yeux s’embuer à ses mêmes souvenirs et je n’ai pu m’empêcher avant de partir de la serrer très fort dans mes bras. Josette était très émue, Michel aussi. Nous l’étions tous. Josette, je ne t’oublierai jamais. Tu m’as offert une belle leçon de vie. Merci.
Ces quelques fleurs que j'ai cueillies au jardin, pour toi, pour vous.
Passez une belle semaine,
Même les rencontres de hasard sont dues à des liens noués dans des vies antérieures.
[Haruki Murakami]
Merci à vous qui passez me lire,
chacun de vos commentaires confortent le hasard de mes rencontres.
chacun de vos commentaires confortent le hasard de mes rencontres.
Un beau récit, très émouvant. Merci.
RépondreSupprimerOui, un beau récit et une belle rencontre. je suis sûre que Josette pensera à toi aussi.
RépondreSupprimerI do not understand the text, but the collage is stunning. The detail of the spring flowers and the colours, as well as the composition.
RépondreSupprimerHave a lovely day Christiane.;)
xo
@Ah tu es rentré Philippe, me réjouis d'aller faire un p'tit tour sur ton site voir tes belles photos ramenées de ce petit voyage. Dans mon article précédent, j'y ai mis quelques photos qui devraient te plaire. Bonne semaine à Toi et surtout bonne photos (juste, et je vais en faire bondir beaucoup, y a trop de soleil et les photos crament :))
RépondreSupprimer@Merci beaucoup Claude, je pense aussi qu'elle ne m'oubliera pas, le destin jalonne notre route de fauteuils pour s'y reposer. Elle en était un pour moi, j'ai posé mes pensées et je réfléchis au sens de la vie. Bises à toi ma fidèle Claude. Bizzous.
@Oh Suzzana or 'Renaisance', I like this second name :)
It's the story of my encouter with a old lady yesterday during my stay in hospital (not too serious) and I tell that encounters are never due chance. She was so lovely but don't speaking very much at the beginning of the day. End of this, she finally has a little talk. She had a lot of grief over her illness, she had lost her husband. So we talk. The encounter also made me much good. Her name : Josette. I will never forget her. You are also a beautiful encounter. (Sorry for my english). Nice day. XOXO
Je suis désolée je n'ai pas assez de temps pour te lire
RépondreSupprimerMais très belles fleurs les fleurs du coeur j'adore et je te dis oui et un grand
merci
@Pas de souci France, et si mon coeur de Marie t'inspire, tu as lu le principal.
RépondreSupprimerPS : j'ai vu que tu cherchais un moyen d'écrire sur les photos, si ça te dit, envoie-moi un petit email (adresse sur mon blog) et je peux t'expliquer comment je fait.
Douce journée
Chris
Bonjour, Titane.
RépondreSupprimerLe chemin de l'hôpital, je l'ai connu si souvent...Et que de rencontres aussi.
Mais celle-là, je l'ai faite avec toi.
Et j'en suis ému.
Merci beaucoup pour ce partage
Bisous
Christiane... tout simplement touchant.
RépondreSupprimerEt puis, il faut que je te raconte... En 2006, j'ai été admis en quelques minutes à l'hôpital de Pont-L'Abbé en Bretagne, infection quasi foudroyante. On m'a installé dans une chambre à deux, mais au bout de 30 minutes des infirmiers ont remplacé le deuxième lit par un lit ordinaire. Pour ma femme Hélène dont l'inquiétude était palpable.
Nous n'avions rien demandé pourtant. Un si petit geste, un personnel si attentif. Nous n'oublierons jamais cette ville, ses médecins, son hôpital, son personnel.
Depuis ce jour, c'est toute la France qui a gagné un défenseur acharné. Pour un peu de réconfort..
Un beau récit chargé d'émotion... Je ne sais pas si tu as eu l'occasion de voir cette pièce de Stéphanie Lepage intitulée "Minute Papillon", à laquelle j'ai tout de suite pensé en lisant ton texte...
RépondreSupprimerTon histoire me touche vraiment beaucoup...je ne saurais quoi dire de plus.
RépondreSupprimerMerci de partager de si belles choses avec nous.
Bises
Mag :)
joli témoignage, un récit si bien raconté de plus
RépondreSupprimeret d'avoir su écouter cette dame comme tu as su le faire, et avec attention, vu comment tu nous le raconte, bravo
je suis sûr que cette dame ne t'oubliera pas de si tôt
et ces fleurs sont si jolies, elle aimerait forcément
elles me plaisent bien aussi :)
je suis ravi que mes photos du parc Astérix t'ont donné envie d'y aller !
J'ai hâte de voir quelques photos de "ton" ciel... :)
Bonne journée
bisous
Quelle belle rencontre ! Merci pour ce récit et pour ces jolies fleurs !
RépondreSupprimerSympa ces fleurs
RépondreSupprimerJe vais devoir revenir car trop d'émotion me submerge.....tu dois bien t'en douter ...pourtant à deux fois je suis déjà passée par ici ....mais incapable d'y laisser une quelconque trace de mon passage ....oui dans ce monde de profit - d'égoïsme - d'individualisme ...il existe encore des personnes avec des sentiments - du partage - de la bonté - de l'écoute et des mots ni ne sont point vains....merci de nous avoir fait partager une si belle rencontre. Josette ne sera plus jamais seule ....de temps à autre une pensée venue d'ici et de nulle part l'accompagnera dans son périple à travers le temps...grâce à toi....Bisous
RépondreSupprimerPS ...Bravo pour tes succès bien mérités ;))))
une rencontre qui te permet de nous relater par ta verve extraordinaire un moment de vie très émouvant!
RépondreSupprimerJe suis certaine que Josette n'oubliera jamais votre rencontre ! Il n'y a pas de hasard...
bisous ma belle
Quelle magnifique mosaique !
RépondreSupprimerMes petits coeurs roses ne sont pas encore fleuris, mais ils semblent avoir resiste a l'hiver, ouf.
Tres belle rencontre et tres jolie histoire qui se passe de commentaire.Tu as tout dit....
RépondreSupprimerBisous
Oh Titane!
RépondreSupprimerTu décris là avec une belle sensibilité comment on peut parfois manquer de passer à côté de quelqu'un sans s'arrêter. Quelqu'un qui va illuminer notre journée et nos pensées les jours qui suivront... Quelqu'un qui va nous prouver que la vie vaut la peine d'être vécue si c'est pour faire de si belles rencontres... Quelqu'un pour qui notre sourire, nos mots, nos gestes de tendresse vont peut-être être salvateurs...
Tendres bisous à toi, à Josette et à ceux qui souffrent en silence de l'indifférence des autres...
Marie
bonjour titane je vous remercie de votre passage et de vos précieux conseils c'est très intéressent je suis très heureux que vous aimez le poème! j'ai peut être une façon original d'écrire mais il reflet ma personnalité: la simplicité !pour le montage j'ai fais exprès de de les comme cela car je n'ai vu sur aucun blog ma façon de faire, maintenant il est possible qu'il a un manque d'air donc je tiens très a cœur votre point de vu. Suite à votre invitation je viens découvrir votre blog ! je le trouve très sympathique et il donne envie de rester la musique lui donne une sensation de plénitude ! je vais regarder votre logiciel conseillé !mais avant de le télécharger je vais continuer le style que j'ai commencer juste pour voir c'est pourquoi je vous invite a revenir car votre avis me sera très important § pour ma par je vais revenir avec plaisir chez vous pour visiter votre agréable blog ! je souhaitée une excellente soirée Joshartypico !
RépondreSupprimerQuelle belle histoire. Je suis sûre que d’avoir parlé et laissé parler cette dame cela lui a apporté beaucoup de réconfort. On dit que les personnes agées qui ont des contacts vivent plus longtemps que celles qui sont isolées. C’est pour cela que l’Internet est très important pour ceux qui sont seuls. Merci d’être venue sur mon blog, j’en suis très contente.
RépondreSupprimerJ'espère que tu vas bien... jolie histoire et beaux mots comme d'hab... Bisous
RépondreSupprimerquel beau témoigagne. C'est ce genre de reoncontre qui nous réconcilie avec le monde.
RépondreSupprimerJe vous lis tous à l'instant et vous remercie pour vos si gentils mots, et puis çà rassure toutes vos réactions face au désarroi de la solitude.
RépondreSupprimer@Merci Herbert de m'avoir accompagnée. Amicalement.
@Tu as raison d'être un défenseur acharné du réconfort, çà fait tellement de bien, bon we!
@Non Pascale, je n'ai pas vu cette pièce, mais tu m'as interpellée et j'ai été voir sur le net. Ca m'a tout l'air d'un style 'sortez vos mouchoirs'. Bon we Pascale!
@Merci gentille Mag, et passe un tout tout beau we. Bises!
@C'est gentil Phil, et pour les avions dans le ciel, dès que c'est prêt, je te les enverrai. Beau we à toi!
@De rien Braellyra, contente que mes fleurs t'aient plu.
@Coucou Flo, bienvenu par chez moi.
@Houlàlà, ma petite Nan si émotive, je te reconnais bien. Bizouss et passe un tout tout beau we.
@Tu as raison Lunéa, il n'y a pas de hasard, que des rencontres. XOXO
@Contente Flo que ma mosaïque t'aie plus et merci de ton passage.
@Coucou Blue, comment va ? Passe un beau we.
@Merci beaucoup Marie pour tes mots, ils font chauds au coeur. Bisous.
@Bonne visite Joshas et à bientôt.
@C'est vrai Vagabonde, la solitude n'arrange rien, et garder les contacts avec l'autre est très très important. Il suffit d'essayer. Très bon we.
@Oui, oui, Nicolle, je vais très bien. Merci de ton petit passage, big bizz!
@Oui Coco, je suis d'accord avec toi, moi, en tout les cas elle m'a donnée l'envie de vivre à fond. Bisous!
Bonjour, Titane.
RépondreSupprimerAvant le créouscule de ce jour, recois un bouquet de muguet : tu y verras les clochettes...
Je les entends déjà résonner...
Bon week-end
Je t'embrasse.
Quel beau partage que le récit de ta rencontre. Joshartypico a très bien exprimé ce que je ressens ici "un sentiment de plénitude". Tu dois être une bien belle femme et je suis heureuse d'avoir croisé au moins la route de ton blog qui est forcément un peu ton reflet. Merci et bonne semaine (nous avons en commun au moins de partager la vie d'un Michel !)
RépondreSupprimeril n'y pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous.
RépondreSupprimerJosette et toi aviez rendez-vous...
merci pour cette tranche de vie.
Félicitation pour cette belle tranche de vie du milieu hospitalier.
RépondreSupprimerL'infirmier algo!
@Rouh Albert, vous êtes passez, trop contente, et j'peux vous dire que pour ce 2ème passage en clinique, je pense à vous tous qui êtes d'un accueil plus que chaleureux et mettez les patients en confiance. Passez une toute toute belle semaine et peut être à la 3è. Amicalement!
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerCe sera au plaisir.
Je vous souhaite malgré tout une amélioration durable de 100 %
Cordialement,
L'infi algo